Liszt, Liszt, encore du Liszt, un peu de Beethoven, Liszt, encore et encore du Liszt.
Les premières mesures de la Vallée d'Obermann provoquaient beaucoup de discussions, disputes, partitions déchirées, jetées en l'air, recollées. Comme parler de la gravité des octaves... Et que dire du passage subite à des pianos exigeant une douceur extraordinaire entre deux parties dynamiquement et intentionnellement tendues comme une clairière entourée d'une dense forêt...
Les trois accords de la sonate me hantent encore. Ce sont des ronflements venant des ténèbres provoquant des tempêtes émotionnelles. La vie vaut la peine d'être vécue ne serait-ce que pour admirer l'effervescence dans l'espace de ces trois colonnes qui disparaissaient en fumée lors des silences qui les séparaient. On était alors envahit par un tourbillon de pensées, de sentiments, de rêves. La sonate dit tout. Emerveillé, bouleversé, il faut encore digérer le texte. Quel livre serait aussi efficace à décrire ce qui est de plus profond chez l'être humain? Après le point final, aucune autre note, aucun son, aucun bruit n'est plus supportable. Demander un bis devient presqu'obscène, une expression vulgaire. Silence ! silence ! on vit ! Tout ce qui perdure n'est qu'un bouillon de réminiscences d'une parcelle de vie pleinement vécue.